Je me suis toujours dit qu'un être laid voyait le monde différemment, ne pouvait le voir que différemment, différemment qu'un être beau (par exemple), et différemment que n'importe quel être qui n'est pas laid, et j'ai toujours pensé qu'un [être] laid percevait infiniment mieux le monde (un monde perçu dans ses nuances infinies).
Sébastien Brebel, Le fauteuil de Bacon
Il y a quelque chose avec la méprise qui se noue dans le paradoxe. Cette méprise ne peut avoir lieu et être avérée que si elle est exposée, révélée, donnée à la reconnaissance. Que celui qui se méprend réalise qu’il se méprend, et s’en retrouve forcément bouleversé parce qu’il s’est construit un monde, une fiction, à partir de l'erreur, du faux. Si la méprise est exposée, révélée, elle devient artifice dans la fiction. Elle devient motif dans le récit, manipulation de l’écriture, fabrique. Comme l’écrivait Paul Valéry, «le mélange du vrai et du faux est plus toxique que le faux.» Parce que c’est la confusion qui entraîne toute la vague du doute qui ne nous quitte plus. Parce que c’est sur l’incompréhension que tangue le récit. Parce que la seule vérité qui demeure se trouve dans l’instabilité.
Les participantes et participants du cours Atelier de prose I qui s'est déroulé à l'UQAM de septembre à décembre 2017 ont eu à approcher la méprise, l'imposture, le paradoxe, l'illusion par le biais de la fiction. Par la création, elles et ils ont cherché à:
— Être quelqu'un d'autre;
— Se faire passer pour quelqu'un d'autre;
— Inventer quelqu'un d'autre;
— Parler à quelqu'un d'autre;
— Accuser quelqu'un d'autre.
Bérard, Cassie (dir.). 2018. Quelqu'un d'autre. Cahier virtuel. Numéro 3. En ligne sur le site Quartier F. http://quartierf.org/cahier/quelquun-dautre