Détruire la peinture

Atelier d'écriture virtuel

tu commences par aimer l’idée, vois-tu, tu la regardes comme un tableau dans un musée, et doucement elle se rapproche, comme un tableau dans un musée, elle se colle dans les interstices, dans les plissements de ton front, et doucement tu ne la regardes plus, et tu la cherches encore autour de toi, tu crois qu’elle s’est évanouie, en vrai elle est déjà à l’intérieur de toi; à ce moment c’est victoire pour lui, c’est des injections à très petites doses répétées, et c’est pire que toutes les cocaïnes du monde, tellement c’est moins violent, tellement c’est plus destructeur, ses grandes phrases, si petites.

Tanguy Viel, Le Black Note

On aime comment la peinture nous regarde.  
On détruit ce que l’on aime. 
On peint ce qui nous détruit.

L’atelier d’écriture virtuel «Détruire la peinture» invitait à manier les mots pour lacérer l’art que l’on aime tant. On peint, on aime, on détruit. On détruit, on peint, on aime. On aime, on détruit, on peint. Ces mots évoquent la violence; celle de l’image, celle du choc, celle de la mort. Ils évoquent aussi le plaisir: la passion, la création, la désobéissance.

Dans le cadre du MOOC de l'école du Centre Pompidou, nous lancions une contrainte d’écriture visant à construire autour des œuvres Danse de Saint-Guy (Francis Picabia) et Concetto spaziale 60-O.45 (Lucio Fontana) afin d’en extraire l’étrangeté jusqu’à l’anéantissement. Processus de défoulement ou de sabotage, l’atelier virtuel avait surtout pour but d’acérer le regard de ses participants et participantes, afin qu’ils et elles mesurent à quel point la destruction est aussi un art à pratiquer avec soin.


L’invitation a été lancée aux étudiants et étudiantes de l’Université du Québec à Montréal en septembre 2017 dans le cadre du MOOC de l'école du Centre Pompidou.

Pour citer

Bérard, Cassie (dir.). 2018. Détruire la peinture. Cahier virtuel. Numéro 1. En ligne sur le site Quartier F. http://quartierf.org/cahier/detruire-la-peinture

 

Marie Sirois
Elle regardait l’œuvre et voyait sa peau, sentait l’épaisseur de sa peau.
Annie Perreault
la femme qui avance tente de trouver un chemin vers ce qui palpite
Éloïse Demers Pinard
Les jours polaires t'empêchent de coucher des contrastes sur le blanc des icebergs.
Nelly Desmarais
Elle danse nue frontale, lascive, impudique même éclate de rire.
Pierre-Marc Asselin
Le nombre de choses que l’on fait tenir, là-bas, avec des bouts de ficelle.
Catherine Anne Laranjo
Mon cœur est la partie louche du rond. Dangereuse et immense.