Les transformations planétaires causées par les activités humaines sont évidentes, profondes et accélérées: le réchauffement climatique, l’acidification des océans, l’écroulement de la biodiversité, la transformation progressive de la Terre en un habitat réservé à l’animal humain, la surconsommation de ressources matérielles et énergétiques par les plus nantis. Les crises environnementales qui impactent diversement et inégalement les corps, les manières de vivre et les collectivités, sont parmi les plus urgentes.
Ces crises sont aussi des occasions pour que des personnes aux habiletés diverses mettent en commun leurs savoir-faire dans le but d’envisager d’autres présents. Adhérant à cet esprit participatif, les six textes de ce cahier thématique ont émergé de rencontres orchestrées entre des littéraires et des citoyens qui militent pour la protection de milieux naturels ou pour la valorisation des pratiques écologistes. Maude Agin-Blais et Juliette Guillot misent sur une écriture géopoétique et sensible pour éclairer les efforts du Comité de sauvegarde de la rivière Péribonka. Toujours au Saguenay, le poème hypertextuel d’Audrey Grandchamp et Jeanne Goudreault-Marcoux entraîne une réflexion sur le sens et l’attachement à la tourbière, travail cette fois-ci inspiré de la Coalition Fjord. Jody Danard, Fabien Ronco et Azalée Thérien, mettent en mots les diverses voix qui cohabitent sur la Pointe Moisie, en s’inspirant des travaux d’Environnement Côte-Nord. Dans la métropole cette fois-ci, Ophélie Boucher et Elisa Turcotte-Joyal nous invitent à prendre conscience de la richesse d’un regard attentif et au verdissement, par l’entremise des activités de Sentier Urbain. Mélanie Harel-Michon et Cécilia Morin nous conduisent dans une trajectoire entre les mémoriaux de Souliers et vélos fantômes Québec. Quant à elles, Clothilde Cazamajor et Morgane Pernet explorent la pluralité des voix de militant.e.s de Mobilisation 6600, qui se battent contre des projets industriels menaçant leur quartier. Nous remercions chaleureusement tous ces groupes citoyens d’avoir accepté de dialoguer avec nous et de voir leur travail se faire adapter à la littérature.
Ces textes sont issus du travail d'un groupe de recherche, animé par Jonathan Hope, qui s’est réuni à l'hiver 2024 à l’Université du Québec à Montréal. Les activités de ce groupe s’inscrivent dans le sillage d’une série de projets collaboratifs visant à explorer les frontières poreuses de la littérature et de l’environnement (Réécrire la forêt boréale, Réécrire la COP15, Réécrire les sciences naturelles). Tous ces projets cherchent à dynamiser la question: quelles littératures environnementales sont en attente d’actualisation?
2024. Réécritures écologistes. Cahier virtuel. Numéro 9. En ligne sur le site Quartier F. https://quartierf.org/fr/cahier/reecritures-ecologistes